"L'enfant a toujours l’intuition de son histoire. Si la vérité lui est dite, cette vérité le construit."
Pensées
L'enfant est une personne Très jeune, Dolto avait promis : «
Quand je serai grande, je tâcherai de me souvenir de comment c’est quand
on est petit. » Elle n’oubliera jamais que le nouveau-né aspire d’abord
à communiquer et que ses désirs, indépendants de ceux d’un adulte, sont
aussi respectables. Une approche psychanalytique se traduisant par une
confiance totale envers les sujets de ses cures, qu’elle cherchera à «
suivre », persuadée que chaque enfant est doté d’un savoir, même confus
ou ignoré, le guidant sur son chemin : « fou », « débile », qu’importe,
dès lors qu’il trouve un équilibre. Mais ce respect d’un choix de vie
est surtout une éthique, pour laquelle Dolto a milité avec vigueur,
faisant parfois scandale dans une société habituée à considérer que
l’enfant n’a de la valeur que par ce qu’il peut devenir, pourvu qu’il
soit assez « sage » et suive sa vocation : satisfaire ses parents.
Tout est langage
A la différence de l’animal, chez l’être
humain tout « veut dire ». Les gestes les plus absurdes ont un sens,
font partie d’un langage symbolique à travers lequel se tisse ce que
Dolto appelle « la fraternité d’espèce ». Parler, s’exprimer, permet de
marquer sa différence vis-à-vis d’un autre (avant tout de sa mère), pour
mieux partager avec lui des émotions, des souvenirs, des idées. Le “parler vrai”
Encore faut-il parler « avec » l’enfant et
pas seulement « à » l’enfant. Surtout, lui « parler vrai ». « On ne peut
pas mentir à l’inconscient, il connaît toujours la vérité », insistait
la psychanalyste. Dès les premières heures, un enfant décèle l’accent de
vérité (« la coïncidence entre ce que l’on dit et ce que l’on éprouve
»), et il en a besoin pour ce qui concerne ses origines, l’histoire
familiale, afin que vitalité biologique et vitalité sociale concordent.
Le complexe du homard
Dolto a inventé cette image (1) pour représenter la crise d’adolescence.
L’enfant se défait de sa carapace, soudain étroite, pour en acquérir
une autre. Entre les deux, il est vulnérable, agressif ou replié sur
lui-même. Mais « ce qui va apparaître est le produit de ce qui a été
semé chez l’enfant », avertit Dolto. Les parents devraient donc voir les
crises explosives comme une preuve qu’ils ont rempli leur contrat, les
repères éducatifs s’avérant suffisamment souples pour « sauter » au bon
moment. A l’inverse, si les parents sont trop rigides, l’ado restera prisonnier de sa carapace et désarmé face à la dépression.
L’image inconsciente du corps
Il s’agit là du concept central de l’œuvre de Dolto théoricienne. La
psychanalyste est partie du concret, en l’occurrence des dessins des
enfants qu’elle recevait. Elle a réalisé que ces dessins représentaient
en fait leur propre corps, un corps parfois aberrant, fantastique, en un
mot imaginaire, figurant leurs désirs, leurs manques, leurs rapports
avec les autres. Le corps imaginaire est notre premier moyen
d’expression, un langage symbolique, toujours mystérieux. C’est à
travers cette vision du corps que la dimension éthique et poétique de
Dolto se révèle avec le plus de force. Car on peut appeler le respect de
ce mystère-là chez l’autre par un autre nom : liberté. A vos questions et expériences!!!